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[La semaine infernale, Frédéric Jannin] On est plein de bêtes

The 2008-05-01 at 08:00 by Eddy. In La Semaine Infernale.

J’ai un chouette sujet aujourd’hui. Encore plus sexy que la semaine dernière. Un truc qui me trotte dans la tête depuis l’autre jour où - mon doigt avait fourché sur la zappette - je suis tombé sur une émission de vulgarisation scientifique. Il y était question des micro-organismes. On y voyait des tonnes de petits animaux, super bien filmés en macro, avec une bonne bande sonore en surround, grouillant sur les coussins, les tapis, les rideaux de notre maison… Bêêêêêkes ! On nous montrait des chiées d’arachnides microscopiques en train de faire des démonstrations dignes du Cirque du Soleil entre deux feuilles des plantes vertes du salon. Le message était que nous sommes véritablement envahis par des locataires clandestins. Pas seulement sur le mobilier. On nous montrait aussi des colonies entières sur un morceau de fromage, tels des vacanciers se ruant sur le buffet gratuit à volonté d’un Club Med. Et enfin, on voyait distinctement une migration en masse de légion d’acariens en grandes manoeuvres sous nos oreillers à l’assaut de notre sueur nocturne. Bêêêêêkes ! Cerise sur le gâteau, bonus de bonus, on nous a même montré quelques bibiches logées sur notre nez, bien au chaud dans nos points noirs. Bêêêêêkes !

Qu’est-ce que la science a évolué depuis ce qu’on a essayé de me faire apprendre à l’école ! Quand j’étais petit, il n’y avait pas toutes ces bébêtes. A part une ou deux visites de poux à l’arrière de ma tignasse (c’était la mode des longs cheveux), j’ignorais totalement la présence de tous ces milliards de petits amis. Quand je pense que je me sentais parfois très seul. J’ai même fait des pieds et des mains pour que mes parents m’achètent un animal de compagnie. Et ceux-ci ont refusé sous prétexte que ça amène des puces.

Bien sûr, on parlait de microbes, mais nous étions loin de nous douter que notre corps est en fait un immense eldorado pour bactéries, nourries et blanchies par nos soins involontaires. Et attention : à part quelques brebis galeuses, elles ne profitent pas toutes du système. Bon nombre d’entre elles offrent leur main-d’oeuvre bon marché pour faire prospérer notre organisme, voire même nous protéger d’autres invasions plus dangereuses.

C’est sûr qu’au départ, ça fait peur. Mais il faut changer les mentalités. Une fois que l’idée fait son chemin, balayons les préjugés. Arrêtons de faire la grimace en voyant ces petites bestioles, qui viennent courageusement se taper les basses besognes que, reconnaissons-le, nous aurions bien du mal à faire nous-même. Après tout, avec tout ce qu’elles font pour nous, elles sont un peu chez elles aussi.

C’est dingue ! Vous avez l’impression de voir une dizaine de gugusses sur cette scène, alors qu’en réalité, si vous regardez de plus près, on est des milliards (je ne vous dis pas ce qui nous reste, après le partage de la recette). Ce qui me console, c’est que du coup, vous êtes aussi des milliards de milliards à venir nous applaudir. Merci d’être venus si nombreux. Merci à la science de nous avoir ouverts les yeux. Si on regarde de plus près, on vit dans un monde passionnant. Il suffit de changer de point de vue.

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