[La semaine infernale, Raoul Reyers] Retour au bercail
The 2008-05-01 at 08:00 by Eddy. In La Semaine Infernale.
Oh j’ai bien pensé à vous sur mon lieu de vacances mes amis ! Bien que je n’avais pas beaucoup de temps non plus car j’étais harcelé par des préoccupations aussi importantes que plonger dans la piscine, faire un feu de bois pour le repas de midi, confectionner la pâte à pizza, cueillir les figues pour le dessert, me laisser remettre de l’huile solaire dans le dos, préparer des pastis pas trop fort pour pouvoir en prendre plusieurs, choisir le vin de pays pour le dîner, rouge ou blanc, rouge ou blanc, blanc ou rouge oh ben tiens pour une fois rosé, mais malgré tout j’ai quand même pensé à vous, en prenant bien soin de ne même pas acheter le journal et en me disant que tout se passerait bien sans moi grâce à nos nouveaux élus si talentueux et avides de travail bien fait. La cigale ayant feignassé tout l’été, quelle ne fut pas ma déconvenue quand la rentrée fut venue ! Je me retrouve dans un pays sans gouvernement, déçu à mort par ce brillantissime Yves Leterme sur qui je comptais beaucoup pour la remise en marche de mon pays, mais non, rien du tout, nada ! Pourtant il a dû en faire des griffes dans le parquet de Val Duchesse en aiguisant ses dents longues sur la formation du gouvernement ! Quand je pense aux litres de transpiration laissés dans la salle des négociations et aux odeurs conjuguées des sudations d’Yves Leterme, de Didier Reynders, de ce garçon un peu gros de figure du NVA dont je ne me souviens plus du nom et, par dessus toutes ces senteurs sublimes, le parfum enivrant de Joëlle Milquet, ses effluves mélangés avec l’odeur du gouda jeune des sandwichs oubliés dans les salles de réunions après des heures de tergiversations. Ouch, j’ai juste envie de respirer encore une fois le massif de romarin et le pot de basilic avant de repenser à vous dire mes petites élucubrations à la radio. Malgré le don de soi dont il a fait preuve, Yves Leterme est puni, il doit aller dans le coin. Le pauvre ! Faut le comprendre après tout ! Déjà le fait de naître de la semence d’un père wallon, ça n’a pas dû être facile tous les jours quand on veut réussir dans la vie politique flamande. Et puis il doit doublement en vouloir à ses parents de l’avoir prénommé Yyyyyyyyves alors qu’il y a tellement de beaux prénoms comme Geeeert, Hermann, Roelandt, Jo, Bart, Ruuudddyyy, Joep, et son imbécile de Wallon de père l’a appelé Yves. Comme Yves Duteil : “J’ai le prénom qui me démange, j’aurais voulu m’appeler Karel…” Yves comme Yves de Jonghe d’Ardoye, Yves comme… Yves Montand qui lui aurait sans doute évité de déterrer les problèmes communautaires. On raconte qu’il aurait encore préféré s’appeler Jean-Yves ! C’est vrai que comme ça on aurait pu l’appeler Lafesse. Eh oui, souvenez-vous, vous qui êtes rentrés de vacances début juillet, qui avez déjà perdu toutes vos couleurs et mis votre moral au placard rien qu’en regardant le journal télévisé, souvenez-vous comme c’est difficile de rentrer de vacances avec toutes les déceptions que cela suppose. Rien qu’en ouvrant le folder du Cora et en m’apercevant que j’y retrouvais tous les produits rapportés précautionneusement dans mon coffre et au même prix, voire moins chers. Quand je pense que j’ai obligé ma famille à rouler toutes fenêtres ouvertes pendant 100 kilomètres avant chaque poste de douane pour masquer les odeurs de truffes, de saucissons de pays et de jambon cru en obligeant mon fils à cacher les anchois frais dans sa casquette ! En rentrant, il ne me restait plus qu’un dernier espoir pour me remonter le moral ; imaginer que l’ambassadeur de Belgique en France organiserait une petite fête pour la rentrée, eh bien même pas ! Les vacances sont finies, les fêtes sont finies, mais est-ce que la Belgique est finie ? Vous le saurez en écoutant les prochains épisodes de la semaine infernale, le magazine qui se veut résolument optimiste.
