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La semaine dernière mon sommeil était plutôt agité car mon fils doit rentrer l’année prochaine en Humanités. Je fais malheureusement partie de ce lot de citoyens qui jouissent du nouveau décret de Marie Arena. Je me sens un peu comme ces pauvres types qui un jour se sont vu annoncer qu’ils étaient les derniers à devoir prester le service militaire ou ceux qui tout d’un coup ont dû passer un permis de conduire supplémentaire pour piloter une moto alors que pendant 73 ans le permis voiture suffisait. C’est dur de se rendre compte qu’on est dans la mauvaise tranche de la population. C’est dur de se rendre compte qu’on est le jouet du résultat des stribes, des cacas nerveux ou des menstruations douloureuses de ces gens qui nous gouvernent.

Il est vrai qu’on ne peut pas gagner à chaque coup, moi qui avais eu la chance d’échapper à l’enseignement “rénové” dans les années septante, je n’échapperai pas cette fois-ci au décret Arena.

Ma mission était d’inscrire mon fils dans sa nouvelle école impérativement le 17 novembre “entre 14 et 17 heures”. Et encore j’étais privilégié car il ne s’agissait ici que du passage de l’école primaire à l’école secondaire dans le même établissement. Mais on chuchotait dans les milieux autorisés que les places seraient chères et qu’il n’y en aurait peut-être pas pour tout le monde.

Il fallut donc prendre des dispositions pour passer cette épreuve avec brio.

D’abord trouver un arrangement avec le responsable de la troupe scoute dans l’éventualité de monter une tente dans la pelouse de l’établissement scolaire et réunir assez de provisions pour tenir le bivouac jusqu’au 30 novembre au cas où on ne pourrait l’inscrire le jour même.

Ensuite trouver un homme de paille en situation précaire pour rester dans la file plusieurs jours d’affilée s’il le fallait et aller travailler un maximum afin de pouvoir payer les heures d’attente dans la file des inscriptions. Le prix moyen d’un “remplaçant” chargé d’inscrire un gamin à votre place est évalué à environs 400€.

Quelle idée aussi de choisir la fin novembre pour mettre au point ces dates d’inscription. Juste au moment où les premiers jours de fraîcheur s’abattent sur notre pays. De quoi nous faire endurer la vraie vie du SDF ! Plus tard je pourrais dire : “J’ai eu les pieds gelés pendant l’inscription aux écoles de 2007, l’année où on s’est aperçu de manière certaine que tout ce qui nous servait de dirigeants, tous ceux que nous avions élus à coup de voix de préférences n’avaient pas les capacités d’assurer leur mission. Peut-être que ceux-ci avaient parié entre eux qu’ils arriveraient à ne pas nous donner de gouvernement le temps de la gestation d’une éléphante à savoir entre 600 et 660 jours.

Bien entendu l’enfant était déjà inscrit dans l’école depuis deux ans et toutes les préinscriptions étaient faites sous le manteau, la résistance n’avait pas tardé à jouer son rôle dans ce genre de situation.

Je m’en suis donc encore bien tiré car je n’ai dû faire la file que pendant deux heures, soit l’équivalent de deux étages pour arriver au fameux bureau d’inscription. Disons plutôt que j’ai gravi le premier étage et que j’ai laissé ma femme terminer le parcours. Je peux vous dire que le nez de Marie Arena a dû bien chatouiller car à entendre ce qu’en pensaient les enseignants, les parents et même les élèves conditionnés par leur entourage, je serais à sa place j’essayerais de changer d’identité et de m’exiler à l’étranger.

Deux heures plus tard, ma femme est rentrée à la maison en m’expliquant que malgré notre vigilance, nous étions 127e sur une liste ne comprenant que 151 places. Et qu’il ne restait plus que 11 places ouvertes pour la journée du 30 novembre prochain.

J’ai donc décidé de faire une distribution de soupe populaire dans la file de cette école pour épauler psychologiquement les futurs parents minés par la déception. Ne comptez donc pas sur moi le 30 novembre prochain, je serai en immersion psychologique.

Pas de grand changement dans l’enseignement dans l’immédiat en tous cas si celui-ci devait avoir lieu Marie Arena ne sera sans doute pas là pour le voir, la pauvre.

Je me demande si 2007 n’est pas l’année de tous les emmerdements !