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[La semaine infernale, Juan d'Oultremont] J'ai fait un rêve

The 2008-05-01 at 08:00 by Eddy. In La Semaine Infernale.

J’ai fait un rêve. Ça commençait par la Brabançonne, avec en plan large la porte d’entrée de ma maison chaussée de Roodebeek et, sur la gauche, l’acacia dans lequel, chaque année, je place des lampions de Noël. Ensuite, après un fondu enchaîné, on me retrouvait derrière ma grande table de travail avec, en arrière-plan, une imposante bibliothèque en chêne massif dans laquelle était rangée ma collection de Bob et Bobette, avec, dans un cadre en argent, une photo prise lors de la rencontre entre le roi Baudouin et le pape Jean-Paul II. L’ambiance était tout à la fois feutrée et solennelle. Et c’est à cet instant que je me suis entendu prononcer la phrase : “La Reine et moi…”

La vache ! Dans mon rêve, j’étais le roi et je m’apprêtais à délivrer au pays mon message de Noël. Malheureusement pour moi, comme dans les pires cauchemars, je n’avais absolument rien préparé. Mais enfin qu’elle clette j’étais ! On ne m’accordait qu’une fois l’an le droit de parler à mon peuple, les yeux dans les yeux, et voilà que je n’étais pas même foutu de torcher quelque chose d’un peu original. Sous ma chemise de chez Degand, je sentais la transpiration me couler dans le dos. Je me suis dit : je vais toujours prononcer quelques mots en allemand, question de mettre à l’honneur les seuls qui m’ont foutu une paix royale durant cette maudite année : les germanophones. Et comme la seule chose que je connaisse en allemand c’est “Zag Warum”, je me suis mis à fredonner les paroles de la chanson de Camillo : Zag warum, ich bin allein, und ich frage mich…

En plus je ne m’étais pas facilité la tâche dans la mesure où, dans mon rêve, j’avais fait le pari avec Francis Delpérée de placer, le plus souvent possible, dans mes voeux, le nom de Carla Bruni. Finalement, je me suis lancé à l’intuition. J’ai remercié tous ceux qui par leurs commentaires m’avaient permis d’atteindre 97 pc d’avis positifs sur ebay. Dans la foulée, j’ai fait part de ma sympathie à celles qui comme moi avaient été victimes d’une fracture du col de l’utérus. Là, je sentais que j’avais trouvé le ton. Une pointe de compassion sans tomber pour autant dans le piège de la familiarité. J’étais assez content d’avoir sauvé les meubles. Néanmoins, au fil des minutes je sentais approcher l’instant fatidique où il me faudrait évoquer les sujets qui fâchent. Ceux qui ont transformé ces douze derniers mois en un Anus Horribilis ! Comme je ne voyais pas le moyen de les aborder de front, j’ai commencé par lancer un avis de recherche en demandant à tout hasard : “Est-ce que quelqu’un a des nouvelles de Willy Claes ?” Ah, la fonction royale à l’époque de Willy Claes, c’était quand même autre chose !….

Ensuite et sans bien savoir pourquoi, je me suis mis à vanter le modèle suisse - ce pays génial où ceux qui ont gagné les élections sont impitoyablement rejetés dans l’opposition. Ah, me suis-je exclamé, si seulement Didier Reynders et Yves Leterme pouvaient être suisses.

Et c’est au moment où j’allais aborder, comme il se doit, le problème du chômage des jeunes, celui des familles recomposées, des accidents lors des numéros de femmes coupées en deux et du dopage dans les milieux de la balle pelote, qu’une voix venue d’ailleurs s’est mise à scander “l’aveu ! l’aveu ! l’aveu !…. “

Mon Dieu, c’est vrai, j’avais oublié l’aveu. Qu’allais-je bien pouvoir avouer cette année qui me rende sympathique aux yeux de mes concitoyens. Les circonstances embarrassantes dans lesquelles je m’étais cassé la hanche ? Avouer avoir résilié mon versement mensuel à la Roode Kruis ? Reconnaître que je détestais les biscuits De Beukelaer ? Que j’avais revendu sur ebay les horribles chaussettes moutarde que m’avait tricotées la princesse Claire à Noël passé ? Que j’avais parié sur la victoire de l’Azerbaïdjan lors du dernier match des Diables Rouges ?… C’est au moment où, faute de mieux, j’allais avouer que c’était moi qui avais déposé devant la porte de Daniel Ducarme une bouse de vache emballée dans un journal en feu, que je me suis réveillé…

Je ne vous dis pas le soulagement : n’être qu’un simple sujet et pas sa gracieuse majesté ! N’avoir de couronne que sur les dents. N’être jamais entré en d’autre palais que celui des cotillons… Monarque belge, quel métier de chien !

Heureusement, Majesté, j’ai une bonne nouvelle pour vous : il paraît que Daniel Ducarme a marché dans le journal en essayant de l’éteindre !

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