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Jeudi passé, j’ai eu une révélation ; si elle est d’accord, j’aimerais léguer mon corps à la science.

Jeudi passé, à 21 h 42, je regardais médusée le passage dans notre ciel de la Station spatiale internationale, et je me suis dit : “Je veux en être !”, et c’est là que j’ai réalisé que je voulais léguer mon corps, mais vivant, à l’astronomie.

Certaines mauvaises langues diront que c’est pour le plaisir d’être un peu en orbite, mais il n’en est rien !

Voir la Terre de là-haut, quel rêve ! Voir la mer du Nord… bleue, la Belgique… verte, l’Everest… “multicoloré” par ses tonnes de déchets ; ne pas voir de frontières, même linguistiques, profiter du soleil régulièrement, voir les gros nuages mais de loin, voir la Grande Muraille de Chine s’étendre et avec un bon télescope, la cascade de Coo aussi, voir les autoroutes wallonnes enfin en pointillés, voir ce qu’il reste de la forêt amazonienne, de la calotte glaciaire, se faire des petits coucous entre stations, avec celle “Princesse Elisabeth”, ou l’autre thermale de Spa, voir le Grand Canyon tout petit…

Alors, je suis prête à servir de cobaye, je me propose de tester la pose de vernis en apesanteur et puis toutes les crèmes anticellulite, peau d’orange, tous les après-shampoing nutrition intense brillance volume, même à sec, toutes les cires épilatoires aisselles, maillot, moustache, torse, narines ; tous les régimes avec ou sans protéines lyophilisés, les céréales lyophilisées, les biscottes lyophilisées, les crèmes hydratantes lyophilisées ; tous les rimmels mascaras super allongeant, toutes les crèmes de nuit et crèmes de jour, même si ça promet d’être éreintant avec 16 levers et 16 couchers de soleil en 24 heures, je ferais du step et même de l’aquagym s’il faut, et puis des culbutes sans se faire mal au cou !

Je veux bien faire les tests qui prouvent que conduire avec un GSM en main, c’est dangereux, surtout à une vitesse de 27 000 km/h ; je veux prouver à la Terre entière qu’une femme sait très bien faire de très beaux créneaux si elle en a envie, même avec un engin sans roue ; que faire le plein n’est pas un problème, surtout s’il ne pleut pas et qu’ils donnent des gants de protection pour les odeurs.

Je me proposerais aussi de revoir la déco intérieure, faire un relooking complet de la station, avec pour chaque module des ambiances différentes ; où chaque spationaute pourrait se sentir chez lui ; ambiance asiatique avec des dragons, des lotus et des éventails, un peu de Feng Shui, un sas matriochka pour les Russes, des banderoles “Allez Brésil” avec une ambiance stade de foot et buvette, que je prévoirais dans le plus gros module parce que ça risque d’être bondé tous les soirs ; et puis, je ferais un travail sur les couleurs tendances, les matériaux un peu nouveaux, la résine, le crépi, des cloisons en triplex marin, les parquets à l’ancienne…

Je suis même prête à tester les détergents sans eau, pour sols, plafonds et murs puisque là-haut, ils ne font pas la différence ; à faire les vitres, enfin, les hublots intérieur-extérieur, à utiliser tous les produits vaisselles qui n’abîment pas les mains, et je ne vois pas qui pourrait m’empêcher de faire aussi appel aux titres services ! Je ferais des tests astro avec mes camarades, le lieu serait idéal pour voir si leur ascendant prend le dessus en fonction de la coupe orbitale.

Et puis, finalement, puisque j’aurai donné mon corps à la science, j’accepterais peut-être de tester l’amour en apesanteur, expérimenter toutes les positions du Kamasutra et les autres, analyser la libido, approfondir l’efficacité et le comportement des préservatifs dans l’espace, pour peu, évidemment, que le commandant de bord ressemble plus à Tom Hanks qu’à Dirk Frimout.