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[La semaine infernale, Bruno Coppens] Mon comique out

The 2008-06-15 at 22:33 by Eddy. In La Semaine Infernale.

Mesdames, messieurs, chers amis, aujourd’hui, j’ai une révélation à vous faire: je vais tout arrêter. Oui, je vais quitter cette joyeuse équipe pour toujours, embrasser une dernière fois le front de Jacques et baiser délicatement le dé de Virginie qui m’a procuré tant de plaisir… Là, je parle du dé, bien sûr… Je vais enfin vider l’eau de mon Bain Zen, dire adieu aux lardons, amis de Mr Virgule. Adieu fête de la langue française, villes des mots, Québec, Avignon… Bref, me taire à jamais car je rentre dans les ordres. Oui, vous avez bien entendu, «dans les ordres». J’arrête donc de tenter de faire rire. Voilà pourquoi aujourd’hui je fais mon comique out.

Oh non, je n’ai pas succombé au charisme de Benoît Sixteen lors de son méga-concert à Cologne. Non, je n’ai pas entendu la voix de Dieu comme Jeanne d’Arc en son temps. Rien de religieux là-dedans car je rentre dans les ordres… nationaux! L’appel est venu un matin du bureau de la ministre de la Culture, Fabiola Laanan, m’annonçant que j’allais être élevé au rang de «Chevalier de l’Ordre de la Couronne» le vendredi 23 septembre à 16h au Botanique. Sur le coup, je me suis dit: «Ça y est! C’est fini. Ma carrière s’achève aujourd’hui.» Eh oui, que puis-je espérer de plus que «chevalier», moi qui, dans la vie, n’ai réussi qu’à grimper sur un cheval de bois et n’ai jamais attrapé la floche! Inespéré! Et cette remise de médailles me fait penser à ces patrons qui organisent une mise à la retraite anticipée de leurs employés en leur accordant coupe, honneurs et p’tits cadeaux. Cette médaille est une façon de me dire gentiment: «Voilà, c’était bien, bravo! Mais maintenant… C’est fi-ni. Tu arrêtes de faire tous ces jeux de mots, ces textes tarabiscotés. C’était rigolo, bravo, Bruno, mais ça suf-fit! Mais réjouis-toi, tu finis chevalier!»

J’ai compris le signal. J’ai même eu la vision de mon épitaphe: «Ici-gît le tout petit maître des mots: Rochefort 1982 - Botanique 2005». C’est dur mais c’est la vie. Quoique… Pourquoi «maintenant» ? Pourquoi justement une semaine après la diffusion sur cette antenne de mon billet de la Semaine infernale dans lequel je vilipendais le PS pour le Grand Prix de Francorchamps et justement quelques jours après avoir, dans le Soir Mag, critiqué ouvertement Di Rupo et Van Cau pour leur plan qui Marche mal? C’est justement maintenant que via la ministre Dalida Laanan, ils osent m’honorer! Ou bien ils sont maso ou alors ils n’écoutent pas l’émission et ne lisent pas les revues. Ou alors… Ils veulent me récupérer?!?

Ah oui, évidemment! Ils me donnent un cadeau pour acheter mon silence. Comme on noie le poisson en lui offrant un bel aquarium, pour être sûr qu’il reste muet comme une carpe. Ah, ils veulent que je rentre dans l’ordre, on veut me rouler dans la farine, la farine à la banane-là avec sa médaille de Chevalier de l’Ordre de la Couillonne! Non! On ne m’achète pas, moi! Ou alors… C’est sans facture et sans trace écrite!

Mais… Mais là… Je deviens complètement parano. Comme si ce que je racontais ici ou là avait une quelconque portée sur leurs décisions. Les bouffons du roi déballaient tout sur la royauté et le roi applaudissait! Non, ce n’est pas ça… Mais alors peut-être que cette médaille est… une bonne nouvelle!?? Oui, en fait, j’ai tout faux. Ce n’est pas la fin pour moi mais un nouveau début. Bon sang mais c’est bien mûr! Ils me font chevalier parce qu’ils me sentent capable de réaliser des actes dignes d’un chevalier, parce que je possède l’idéal chevaleresque. Du coup, je sais qu’ils vont m’appeler très vite pour m’occuper de la Carolorégienne. Mais oui! Pourquoi pas moi? Philippe Busquin dirige bien Charleroi/Danses! Je défendrai la veuve et l’orphelin car la Carolorégienne vit à l’heure carolingienne, au temps de Charlemagne, avec la plèbe coincée dans des HLM et des élus qui font bombance, portent Lacoste et roulent en carrosse! Au passage, je remettrai de l’ordre au PS de Charleroi! Ah! Ça, c’est plus qu’une mission, c’est carrément une croisade digne de la quête du Graal! Et le PS liégeois à côté, c’est de la petite bière sans alcool.

Oyez, oyez, braves gens, le Chevalier de l’ordre de la couronne estoit parti en ceste jour de l’an de Grâce Hollogne 2005, le coq wallon pour bannière, mon corps étant dard, l’épée tirée hors de son Fouron, je partois redresser le mien territoire, rendre les Wallons fiers de nostre Wallonie, une région si tant belle… (chantant) «C’est un endroit qui ressemble à la Louisiane, la Wallonie!»… Enfin, la Louisiane… C’est p’têt pas le bon exemple… Oyez, oyez! Je ne serois point soliste sur ceste route. D’autres chevaliers rejoindront le mien destrier: Pierre Kroll, Frédéric Jannin, Stéphane Liberski et Jacques Lemercier, eux aussi adoubés chevalier par Francis Lalanne. Nous seroyons réunis comme les 5 chevaliers de ceste ronde table! Ah! Manant, toi qui m’escoutilles, regarde… D’être porté par ceste mienne destinée, du coup, je gonfle! J’enfle du cou! Mon cou devient hyper-trop-fier! Moi, chevalier, annobli en ceste festoyante année pour la wallonne région, en ceste année jubilaire pour la Belgique, avec l’assenstiment du Roi des Belges lui-même, un peu comme si Dieu m’avaist élu! Chevalier? Parce que je le vaux bien! On ne donnoit pas rescompense à tout le monde!

Et soudain je revois deux visages. Deux personnes qui ont reçu elles aussi une médaille: Claude Barzotti, Anne-Marie Lizin. C’est sûr, les voies du seigneur sont impénétrables.

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