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[La semaine infernale, Raoul Reyers] La culture, c'est bien trop cher!

The 2008-05-01 at 08:00 by Eddy. In La Semaine Infernale.

Notre pouvoir d’achat a baissé de presque 20pc en dix ans, vous vous rendez compte?

Et alors, est-ce vraiment un problème? Ça va nous obliger à faire un petit régime et puis voilà. Si on mange de la viande tous les jours, ce n’est pas bon et on devient rougeaud comme un ministre wallon! On n’aura qu’à manger plus de légumes. Ah, ils ont augmenté très fort aussi… Alors, des pommes de terre! Quoi, c’est le produit de première nécessité qui a le plus augmenté? Ben, on en sera vite aux rutabagas. Il paraît que ce n’est pas si mauvais, d’après certains de nos ainés qui en auraient goûté pendant la guerre! Il paraît même que le rutabaga servi avec un peu de caviar Beluga, c’est somptueux. Mais bon, on n’en est pas encore là.

Avant de réduire nos besoins en nourriture, nous allons d’abord réduire tout ce qui est superflu. Et le plus superflu que j’aie trouvé, c’est quand même la culture. Il n’y a pas à chercher très loin. Au fond, la culture, ce n’est que cette denrée de luxe que peuvent encore s’offrir quelques privilégiés nantis.

Vous avez vu le prix d’une place de cinéma? A ce tarif-là, moi je n’y vais plus, d’autant que si c’est pour regarder les autres manger des popcorns à 2,50 € le sachet, ça fait cher la culture. Le cinéma sans popcorns, c’est vraiment la cerise sans le gâteau, le bébé sans l’eau du bain, le merveilleux sans la crème fraîche et la Range Rover sans le cuir. Aller au cinéma sans manger des popcorns, je préfère m’abstenir!

Et les cédés! Pfiouuuu! Le prix des cédés! Ben, voilà un bon exemple de culture dont on se passe facilement. Il suffit de mettre une bonne radio et on a tous les bons vieux disques qu’on aime bien et qui titillent notre nostalgie. Coeur de rocker! Il n’en faut pas plus pour être guilleret.

Pourquoi aller lire les nouveaux livres qui sortent alors qu’il y en a plein de vieux qui sont aussi bien et presque pour rien dans les solderies. Et puis vous avez encore le temps de lire avec toutes les bonnes émissions qui passent à la télé?

Pourquoi aller claquer son pognon dans de la culture alors qu’on a des programmes bien étudiés pour nous par des spécialistes qui nous donnent toute la culture dont on a besoin. Allez, l’autre soir je regardais cette belle émission pleine d’entrain et présentée par le sémillant Arthur. Les Enfants de la télé, spéciale Les Bronzés trois, amis pour la vie! Eh bien il y avait toute la culture nécessaire à notre épanouissement intellectuel. C’était un peu le complexe vitaminé culturel. D’abord une belle ambiance avec de belles filles dans le public. Moi je dis, quand on a déjà un beau public, on a déjà à moitié réussi son émission de télévision. Il y avait de bons invités! Essayez de me trouver plus drôle que la bande du Splendid sur un plateau. Le tout orchestré de main de maître par cet excellent présentateur qu’est Arthur. Au moins lui il dit des trucs que tout le monde comprend. Ah oui, il n’y a pas de secret. Il ne se masturbe pas avec des phrases alambiquées qui ne veulent rien dire. C’est vrai, ce n’est pas Edmond Blatchen qui pourrait présenter les Enfants de la télé. Non mais faut en être conscient hein! Donc il y avait de la bonne humeur. On sentait que les invités étaient tellement drôles qu’ils n’avaient pas eu besoin de préparer quoi que ce soit. D’accord il y avait des moments où on ne comprenait rien mais ce sont les aléas du direct, ça. Un excellent montage renforçait encore le rythme de ce divertissement incomparable, et surtout des tas d’archives, plus drôles les unes que les autres. Moi qui voulais aller relouer les Bronzés un et deux, eh bien j’ai revu tous les meilleurs moments en une seule fois. Encore une économie culturelle!

Ce qui m’a le plus plu, c’étaient des montages des meilleurs moments du nouveau film, qui ne sort que le 1er février! C’était drôle et il y avait beaucoup de bons passages. Voilà pourquoi je me suis dit que je n’irais pas voir un film dont j’ai déjà vu plusieurs fois les meilleurs moments. Encore des économies! Merci, Arthur!

La preuve de la futilité de la culture! Qu’est-ce qu’ils avaient avant? Vous croyez que Louis XIV, tout roi qu’il était, allait au cinéma? Et les hommes des cavernes, ils avaient une grande bibliothèque peut-être? Non, la culture c’est un peu surfait. Pourquoi pas du cinéma belge tant qu’on y est? Déjà qu’on n’arrive pas à se payer un beau Grand Prix de Francorchamps! La culture, quelle arnaque!

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