1. Home Page
  2. La Semaine Infernale

[La semaine infernale, Raoul Reyers] Non, mais c'est vrai quoi!

The 2008-05-01 at 08:00 by Eddy. In La Semaine Infernale.

Des Polonais. Des Polonais! Des Polonais!! Personne n’y avait pensé, tiens, à des Polonais. Comme si la nationalité avait une importance. Est-ce qu’il existe un tableau qui établit le degré de crapulerie en fonction de la nationalité? J’espère que non!

Vous avez entendu comme moi que dans toutes les infos, on disait bien deux jeunes d’origine polonaise. Et pas seulement deux jeunes délinquants! Au fond, chaque fois qu’on parlait de cette affaire, on ne pouvait pas s’empêcher de parler de l’origine «probable» des agresseurs de Joe. Qu’est-ce qu’on n’a pas entendu ces derniers jours… «Heum, j’espère qu’ils ont déjà filé à Rabat les deux choses là, parce que sinon ils vont passer un mauvais quart d’heure.» Evidemment si on a axé toutes les recherches plutôt vers le sud alors que les mecs essayaient de se tailler à l’est, on ne risquait pas de les retrouver facilement, hmmmm. J’ai entendu aussi et ça je vous le jure: «Heu, on voit bien qu’ils sont bronzés sur les photos des journaux ou à la télé, les agresseurs de la gare Centrale!» Les préjugés, on en a tous, ne nous mentons pas, même s’ils sont différents chez chacun de nous. Pourquoi est-ce que dans cette affaire, il a paru évident à bon nombre de gens que le crime crapuleux avait été perpétré par des jeunes délinquants maghrébins? Pourquoi? Est-ce le climat international qui nous rend aussi nerveux? Sans doute. Est-ce que c’est une manière de soulager la tension sociale qui nous entoure que de trouver un bouc émissaire sur qui faire peser tous les maux?

Attention je ne veux défendre personne: j’ai moi-même la trouille quand je prends le métro et que je vois la faune qui m’entoure. Non, je veux juste que tout le monde soit sur le même pied d’égalité et que la justice élémentaire soit respectée. Imaginons ce genre de chose dans les années soixante: est-ce qu’on aurait immédiatement rejeté la faute sur un Italien ou un Espagnol? Je n’ai pas de réponse, je me pose juste des questions comme, je l’espère, nous l’avons tous fait. Je me suis empressé de ne pas écouter les réactions de nos politiques car tous les débats insipidissimes qu’on a pu nous distiller avant le dénouement de cette affaire ont largement suffi à me faire une opinion de la verve du politicien moyen belge. Enfin, si ce climat ambiant continue à se dégrader comme ça, nous aurons perdu la faculté de rire dans quelques générations. Comme Michel Houellebecq le décrit si bien, nous n’aurons bientôt plus aucune occasion de rire. Dans deux ou trois générations, certains pourront encore imiter les mimiques du rire mais celui-ci ne tardera pas à disparaître complètement de nos habitudes de vie. Les larmes et les pleurs devraient normalement mettre beaucoup plus de temps à s’effacer de nos réflexes coutumiers.

Je vous prie de m’en excuser mais ce n’est pas avec mon billet de cette semaine que je contribuerai au redéploiement du rire rural dans nos contrées. J’espère juste que ce sera pour une prochaine fois si l’actualité nous le permet. Bon allez je vais quand même essayer de vous dérider un peu:

C’est une fraise qui parle à une crotte et lui dit: «Tu n’es pas belle, tu pues, tu as une sale couleur…. Alors que moi je sens bon, j’ai une très jolie couleur…» Arrive le jardinier qui prend la fraise pour la manger…. La crotte regarde la fraise et lui dit: «A tout à l’heure…»

Add a comment

required but not shared or displayed