[La semaine infernale, Frédéric Jannin] Quelle plaie, les examens des gosses!
The 2008-05-01 at 08:00 by Eddy. In La Semaine Infernale.
Allô? Ah, c’est toi? Non, non, pas du tout, enfin un peu, je suis en train de rédiger mon billet pour la semaine, là. Et toi? Tu es au boulot donc, tu as un peu de temps pour appeler… C’est bien, c’est bien. Non mais ça va, je devais t’appeler justement. En fait, je me suis un peu emmêlé les pinceaux avec la garde alternée, là. Euh, donc si je ne me trompe, tu les as eus l’année dernière la troisième semaine de juin… quoi? Attends, 2005? Ah? 2004? Ouflàà! Qu’est-ce que ça passe vite! Oui, t’as raison, je me suis planté sur ce coup-là. Bon bon, au temps pour moi. Quoi? Oui oui, non, période de bloque? Comment ça? Les examens? Ah, oui oui oui, bien sûr. Ah non, c’est plus le jardin d’enfants. C’est le jardin de préados. Oui. Non ben écoute, je prendrai le temps qu’il faut, tu penses. Oui oui, je bloque tous mes après-quatre heures. Sans faute. Euh, tu as déjà préparé un peu le terrain, tu as pu réviser avec eux ouuuu? Ah, pas le temps. Ben non, c’est sûr. O.K. Merci merci. Tout est dans leur journal de classe? O.K. Salut. Bon travail.
Pfffouuuuuh! Les examens des gosses, dis! Quelle plaie! Chaque année ça tombe sur moi! Ca va de nouveau être épique, tiens. Premier point important: ne pas critiquer les profs et les cours devant les enfants. Les encourager, les rassurer. Les convaincre que ça peut servir pour leur avenir, de savoir comment calculer la surface des polygones ou le nom des capitales des pays de l’Union européenne. Ben oui, parfaitement que c’est utile! Tu dois voir comme je suis gêné, parfois, à table, avec des gens, de ne pas savoir que la Lettonie fait 2 370 000 habitants et que sa capitale, c’est euh… allez, euh, Lettonie Lettonie, euh, passe-moi ta feuille. Riga! Oui oui, j’ai besoin de ta feuille, mais moi, je n’ai pas d’examen demain, hein! C’est toi qui dois connaître tout ça! Moi, j’ai dû apprendre ça quand j’avais ton âge. Quoi? Non, c’est vrai, il n’y avait pas encore l’Europe. Mais nous, on avait les anciens Belges à apprendre. Ahaa! L’homme de Spy et tout ça. Hem.
Bon euh, c’est quoi, ton prochain examen? Néerlandais? Ah. Voilà, tiens! C’est très important, le néerlandais. Ah! Si on m’avait bien enseigné le néerlandais, je n’en serais pas là. On est en Belgique, hein. C’est super important.
- Mais p’pa, il paraît qu’on n’est plus en Belgique pour longtemps. On a eu un cours là-dessus. Il paraît que les Flamands sont persuadés qu’ils doivent entretenir les Wallons, et que ça ne va pas durer. Que pour eux, la Belgique ne compte pas, c’est la Flandre qui compte. Et qu’à la moindre occasion, ça va splitter.
- Tu as eu un cours de ça, toi? Ah ben, c’est malin. Va-t’en les encourager à apprendre la langue, tiens, si c’est pour en finir dans six mois! Bon, allez, donne-moi ta matière… Euh… comment on dit une étape de montagne?
- Euh, p’pa, tu crois vraiment que ça va me servir quand je serai grand de savoir comment on dit une étape de montagne en flamand?
- Ecoute, on ne sait jamais!
- Tu crois vraiment que je risque un jour d’être perdu en Flandre, et de devoir demander: «Meneer is het een bergetappe?»
- Bon, ben tu vois, tu connais. Et slalom géant?
- Reuzenslalom!
- Ouiiiii. Ben quoi, ça peut servir. Euh, et si je te dis «knibberschermen»?
- Genouillère, p’pa. Tu vois, un jour quand je serai grand, je pourrai aller en Flandre et demander où ils vendent des knibberschermen, pour pouvoir faire le reuzenslalom de la bergetappe.
- O.K. Ca va. Tu as gagné. Tu connais ta matière. Tu peux aller jouer sur ton ordi. Attends! Bonhomme! Avant d’aller jouer, appelle ta mère pour lui dire qu’on a bien étudié!
