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[La semaine infernale, Gilles Dal] Dommage pour les hommages

The 2008-05-01 at 08:00 by Eddy. In La Semaine Infernale.

Comme la saison s’achève, je me suis dit que, pour boucler la boucle, il serait sans doute bon de procéder à un petit listing des personnes célèbres décédées entre septembre 2005 et juin 2006, histoire, comme on dit, de «leur rendre un dernier hommage»... formule archi-classique, qui ne se justifie cependant pas si l’on en juge par le nombre de derniers hommages, qui ces dernières années, ont été rendus à Coluche, à Claude François, à Dalida, à Jacques Brel, à Georges Brassens, à Elvis Presley, à John Lennon, à John Fitzgerald Kennedy, à Martin Luther King, à Fernand Raynaud, à Bourvil, à Fernandel, à Louis de Funès, à Jean Gabin. Je précise que je n’ai pas cité ces vedettes dans un ordre particulier… ou plutôt si, histoire de donner un peu de densité à ce billet, disons que je les ai citées dans un ordre particulier, mais que je ne vous dis pas lequel; ça occupera les fans d’énigmes. Je crois d’ailleurs que je vais envoyer cette énigme palpitante à Dan Brown; il est encore fichu, le bougre, de nous en faire un best-seller! Autre idée de petit jeu rigolo, toujours dans la mouvance «Da Vinci Code»: dans cette liste de vedettes décédées, se trouve un intrus; lequel? Nul doute que là encore, des millions de lecteurs s’arracheront le livre contenant la réponse à cette question.

Et flûte: moi qui m’étais juré de ne pas parler de ce satané bouquin dans mon billet de clôture de la saison, et encore moins du film en tous points pathétique qui en a été tiré… mais voilà, l’actualité me rattrape! Et quand l’actualité me rattrape, ce n’est pas par le Darfour, ce n’est pas par le Cachemire, ce n’est pas par la Tchétchénie, ce n’est pas par l’Irak, mais c’est par le lavage de cerveau dont j’ai été victime de la part des producteurs du film «Da Vinci Code» qui, à coup de centaines de millions de dollars investis dans la promotion de leur navet, sont parvenus à anesthésier mon cerveau, et à me convaincre d’aller voir leur innommable niaiserie. Tout est de ma faute, bien entendu: il ne tenait qu’à moi de ne pas aller voir ce film. Mais voilà. Je me suis laissé emporter par le battage médiatique, par l’hystérie de la production de masse, par l’argent qui force à voir et à entendre partout, dans les journaux, sur les affiches, à la télévision, à la radio, des publicités pour un produit… Je n’aurais pas dû, mais voilà, je fait mon coming out: je l’ai fait. J’ai craqué. Je ne pouvais pas garder ça pour moi plus longtemps; il fallait que je vous en parle, et je me sens déjà plus léger.

Mais j’en reviens à mes hommages. Comme préparer un laïus sur nos chères vedettes disparues entre septembre 2005 et juin 2006 (tant pis pour ceux qui sont morts en juillet et en août… ainsi qu’après le 1er juin, parce que, flûte, il faut quand même le temps de les préparer, ces hommages) serait revenu à taper leur nom dans «Google», à copier-coller les commentaires des agences de presse, puis à les agrémenter de quelques «c’était un grand monsieur», «un seigneur», «un maestro», «le symbole de toute une génération», «un coeur tendre derrière une carapace bourrue», «un amoureux de la vie avant tout», «un pourfendeur des extrémismes de tout poil», «le dernier monstre sacré», «un rêveur qui, au fond, n’a jamais quitté le monde de l’enfance», «un visionnaire», «un immense artiste», «un monument», «un homme-orchestre», «un virtuose», «un enchanteur irremplaçable», «qui a traversé la vie avec gravité et légèreté à la fois», «qui croyait surtout en l’homme», «qui a fait de sa vie un roman», «qui brûlait la vie par les deux bouts», «pour qui tout était cadeau», j’ai renoncé.

Il ne me reste donc qu’à vous souhaiter un joyeux été.

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